Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/418

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 412 —
1676
525. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET DE CORBINELLI
À MADAME DE GRIGNAN.
À Paris, vendredi 17e avril.
de madame de sévigné.

Il me semble que je n’écris pas trop mal, Dieu merci : du moins je vous réponds des premières lignes ; car vous saurez, ma chère fille, que mes mains, c’est-à-dire ma main droite ne veut entendre encore à nulle autre proposition qu’à celle de vous écrire : je l’en aime mieux. On lui présente une cuiller, point de nouvelle ; elle tremblote et renverse tout ; on lui demande encore d’autres certaines choses, elle refuse tout à plat, et croit que je lui suis encore trop obligée. Il est vrai que je ne lui demande plus rien ; j’ai une patience admirable, et j’attends mon entière liberté du chaud et de Vichy ; car comme on m’a assuré qu’on y prend la douche, qu’on s’y baigne, et que les eaux y sont meilleures qu’à Bourbon, la beauté du pays et la pureté de l’air m’ont décidée, et je partirai tout le plus tôt que je pourrai. Je vous ai tant dit que je ne veux point de vous pour quinze jours, et que je ne puis aller à Grignan, que c’est à vous à régler tout le reste. Vous connoissez mon cœur, mais je ne dois pas le croire entièrement sur ce qu’il desire : vous connoissez mieux que moi les possibilités et les impossibilités présentes.

Le Roi partit hier ; on ne sait point précisément le siège qu’on va faire. J’ai vu M. de Pompone, qui me prie de vous faire bien des amitiés. Je fus chez Mlle de Méri, qui est très-bien et très-agréablement logée et meublée : on ne peut sortir de sa jolie chambre. Les Villars sont tristes de l’entière retraite du maréchal[1]. Je ne suis sortie

  1. LETTRE 525. — Du maréchal de Bellefonds, neveu de Mme de Villars.