Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/423

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 417 —


1676crois qu’après ce voyage vous pourrez reprendre l’idée de santé et de gaieté que vous avez conservée de moi. Pour l’embonpoint, je ne crois pas que je sois jamais comme j’ai été : je suis d’une taille si merveilleuse, que je ne conçois point qu’elle puisse changer ; et pour mon visage, cela est ridicule d’être encore comme il est. Votre petit frère est toujours parti, et j’en suis toujours fâchée : vous avez trouvé justement ce qui fait qu’il est encore guidon, à son grand regret. M. de Viriville s’est plaint à Sa Majesté, et je crois qu’il a obtenu que sa fille changeroit de couvent[1]. Il me vint chercher justement un jour que je fis une équipée ; j’allai dîner à Livry avec Corbinelli, il faisoit divin, je me promenai délicieusement jusqu’à cinq heures, et puis la poule mouillée s’en revint toute pleine de force et de santé.

Si Mlle de Méri veut venir avec moi à Vichy, ce me sera une fort bonne compagnie. J’ai refusé Mme de Longueval[2], pour conserver ma liberté : elle ira avec Mme de Brissac, à qui elle me préféroit, et nous nous y retrouverons. Nous avons la mine de nous rallier traîtreusement, pour nous moquer de la duchesse[3]. Quantova devoit aller à Bourbon, mais elle n’ira pas ; et cela persuade le retour de son ami solide, encore plus tôt qu’on ne l’a cru[4]. Son amie l’a menée dans son château passer deux ou trois jours ; nous verrons quels lieux elle voudra honorer de sa présence. Mme de Coulanges est toujours

    par sa rivale. Mlle Desœillets mourut le 25 octobre 1670, âgée de quarante-neuf ans ; on voit par la lettre de Mme de Sévigné qu’elle laissa deux filles qui se firent religieuses. (Note de l’édition de 1818.) Voyez tome n, p. 469.

  1. Voyez la lettre du 18 mars précédent, p. 385, et note 4.
  2. Perrin, dans son édition de 1754, la seule où soit cette lettre, ajoute entre parenthèses : le chanoine. Voyez tome III, p. 32, note 6.
  3. La duchesse de Brissac.
  4. Le Roi resta à l’armée jusqu’au 4 juillet.