Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/428

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 422 —


1676pas d’être indifférent à ce qui vous touche. Je n’oublierai jamais les bontés que vous avez eues pour moi, et la plus grande envie que j’aurois, seroit de pouvoir marquer à Votre Éminence la reconnoissance que j’en ai et le respect avec lequel je suis,

Monseigneur,
de Votre Éminence,
le très-humble et très-obéissant serviteur,
Le chevalier de Grignan.
Du camp devant Condé, le 27 d’avril.

Suscription : À S. É. Monseigneur le cardinal de Rets.



529. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET D’EMMANUEL DE COULANGES À MADAME ET À MONSIEUR DE GRIGNAN.
À Paris, mercredi 29e avril.
de madame de sévigné.

Il faut commencer par vous dire que Condé fut pris d’assaut la nuit du samedi au dimanche. D’abord cette nouvelle fait battre le cœur ; on croit avoir acheté cette victoire ; point du tout, ma belle, elle ne nous coûte que quelques soldats, et pas un homme qui ait un nom. Voilà ce qui s’appelle un bonheur complet. Larrei[1], fils de

  1. LETTRE 529. Un marquis de Larrei, fils unique du maréchal Fabert, avait été tué au siège de Candie en 1669, et il n’avait point laissé d’enfants. D’un autre côté, le titre de marquis de Larrei a été porté aussi par un fils de Lenet (voyez tome I, p. 348, note 1), acquéreur sans doute de cette terre située en Bourgogne : il sera parlé de celui-ci dans les lettres des 5 juin et 31 août 1689, 12 juillet et 9 août 1691 ; et c’est lui probablement qui a été blessé au siège de Condé. Mme de Sévigné a bien pu ne pas savoir au juste, à la date de notre lettre 529, qui était le Larrei blessé ; il est vraisemblable qu’elle le croyait de la famille de Fabert ; mais elle n’a pu dire dans la même phrase qu’il était et fils de Lenet et fils de Fabert. Il est donc probable qu’il y a ici quelque altération : les mots fils de Lenet se sont peut-être glissés de la marge, où quelqu’un les aura écrits comme une explication ou une rectification, dans le texte même de la lettre.