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1676
d’emmanuel de coulanges.

Elle s’étoit fiché un bâton, devinez où : ce n’est point dans l’œil, ce n’est point dans la bouche, ce n’est point dans l’oreille, ce n’est point dans le nez, ce n’est point à la turque : devinez où c’est ; tant y a qu’elle étoit morte, si on n’étoit couru au secours. Je suis très-aise, Madame, que vous ayez agréé les œuvres que je vous ai envoyées. J’ai impatience d’apprendre le retour de M. de Bandol, pour savoir comme il aura reçu le poëme de Tobie[1] : il aura été apparemment assez habile homme pour vous en faire part, sans blesser cette belle âme que vous venez de laver dans les eaux salutaires du jubilé. Madame vôtre mère s’en va à Vichy, et je ne l’y suivrai point, parce que ma santé est un peu meilleure depuis quelque temps. Je ne crois pas même que j’aille à Lyon : ainsi, Madame la Comtesse, revenez à Paris, et apportez-y votre beau visage, si vous voulez que je vous baise[2]. Je salue M. de Grignan, et l’avertis qu’aujourd’hui M. de Lussan[3] a gagné son procès, afin qu’il me remercie, s’il le trouve à propos[4].

  1. On lit : le poëme de Thalie dans l’édition de la Haye (1726) ; dans toutes les autres le poëme de Tobie. — Il avait paru à Orléans en 1674 une Paraphrase sur le livre de Tobie en vers françois, par dom Gatien de Morillon, bénédictin. S’agirait-il ici de quelque parodie de ce poëme, qui aurait été publiée en 1676 ?
  2. C’est le texte de toutes les éditions qui ont précédé celle de 1754, où on lit : « que je le baise. »
  3. Peut-être Jean d’Audibert, comte de Lussan, premier gentilhomme du prince de Condé, qui fut nommé chevalier de l’Ordre en 1688.
  4. Nous avons donné cette phrase telle qu’elle est dans les impressions de 1725 et de 1726. La leçon suivante de Perrin en explique le sens : « Je salue M. de Grignan, et l’avertis que j’ai fait gagner aujourd’hui un grand procès à M. de Lussan, afin qu’il m’en remercie, s’il le trouve à propos. »