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1676Il faut que M. de la Garde ait de bonnes raisons pour se porter à l’extrémité de s’atteler avec quelqu’un[1] : je le croyois libre, et sautant, et courant dans un pré ; mais enfin il faut venir au timon, et se mettre sous le joug comme les autres.

J’ai le cœur serré de ma chère petite ; la pauvre enfant, la voilà donc placée[2] ! Elle a bien dissimulé sa petite-douleur : je la plains, si vous l’aimez, et si elle vous aime autant que nous nous aimions ; mais vous avez un courage qui vous sert toujours dans les occasions : Dieu m’eût bien favorisée de m’en donner un pareil.

Mme de Montespan est à Bourbon, où M. de la Vallière avoit donné ordre qu’on la vînt haranguer de toutes les villes de son gouvernement : elle ne l’a point voulu. Elle a fait douze lits à l’hôpital ; elle a donné beaucoup d’argent ; elle a enrichi les Capucins. Elle souffre les visites avec civilité ; M. Foucquet[3] et sa nièce, qui buvoient à Bourbon, l’ont été voir ; elle causa une heure avec lui sur les chapitres les plus délicats. Mme Foucquet s’y rendit le lendemain ; Mme de Montespan la reçut très-honnêtement ; elle l’écouta avec douceur et avec une apparence de compassion admirable. Dieu fit dire à Mme Foucquet tout ce qui se peut au monde imaginer de mieux, et sur l’instante prière de s’enfermer avec son

  1. Sur la rupture de ce mariage projeté, voyez le commencement de la lettre du 28 octobre suivant.
  2. Voyez la lettre du 6 mai précédent, p. 432.
  3. Probablement Gilles Foucquet, premier écuyer de la grande écurie. Il épousa Anne d’Aumont, fille du marquis d’Aumont, et mourut en 1694. Voyez tome I, p. 478, note 10. — Sa nièce était Marie-Madeleine Foucquet, deuxième fille du surintendant, qui épousa Emmanuel de Crussol, marquis de Montsalez, cousin de la duchesse d’Antin, et mourut en 1720.