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1676voir cet hiver : en vérité, je crois que vous devez en avoir quelque envie, et que M. de Grignan doit souhaiter que vous me donniez cette satisfaction. J’ai à vous dire que vous faites tort à ces eaux de les croire noires : pour noires, non ; pour chaudes, oui. Les Provençaux s’accommoderoient mal de cette boisson ; mais qu’on mette une herbe ou une fleur dans cette eau bouillante, elle en sort aussi fraîche que si on la cueilloit ; et au lieu de griller et de rendre la peau rude, cette eau la rend douce et unie : raisonnez là-dessus.

Adieu, ma chère enfant ; s’il faut, pour profiter des eaux, ne guère aimer sa fille, j’y renonce. Vous me mandez des choses trop aimables, et vous l’êtes trop aussi quand vous voulez. N’est-il pas vrai, Monsieur le Comte, que vous êtes heureux de l’avoir ? et quel présent vous ai-je fait ! Je suis extrêmement aise que vous ayez M. de la Garde : assurez-le de moi[1].


545. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ
À MADAME DE GRIGNAN.
À Vichy, jeudi 4e juin.

J’ai achevé aujourd’hui ma douche et ma suerie ; je crois qu’en huit jours il est sorti de mon corps plus de vingt pintes d’eau. Je suis persuadée que rien ne me peut faire plus de bien ; je me crois à couvert des rhumatismes pour le reste de ma vie. La douche et la sueur sont assurément des états pénibles ; mais il y a une certaine demi-

  1. La fin de la lettre depuis : « Vous me mandez, etc., » ne se trouve pas dans la seconde édition de Perrin. À la ligne précédente, le chevalier a remplacé ma chère enfant par ma trop aimable.