Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/494

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1676de Rome, que vous honoriez tant que vous n’en vouliez point, elle fut bien étonnée de se trouver à si bas prix. Il me semble qu’elle est assez bien placée là sur cette table. Mandez-moi des nouvelles de votre divin chapelet de calamhouc[1]. Je reviens à ma santé : elle est très-admirable ; les eaux et la douche m’ont extrêmement purgée ; et au lieu de m’affoiblir, je me suis fortifiée. Je marche tout comme un autre[2] ; je crains de rengraisser, voilà mon inquiétude ; car j’aime à être comme je suis. Mes mains ne se ferment pas, voilà tout ; le chaud fera mon affaire. On veut m’envoyer au Mont-d’Or, je ne veux pas. Je mange présentement de tout, c’est-à-dire, je le puis, quand je ne prendrai plus les eaux. Personne-ne s’est si bien trouvée de Vichy que moi, car bien des gens pourroient dire :

Ce bain si chaud, tant de fois éprouvé,
M’a laissé comme il m’a trouvé.

Pour moi, je mentirois ; car il s’en faut si peu que je ne fasse de mes mains comme les autres, qu’en vérité ce n’est plus la peine de se plaindre. Passez donc votre été gaiement, ma bonne ; je voudrois bien vous envoyer pour la noce deux filles et deux garçons qui sont ici, avec le tambour de basque, pour vous faire voir cette bourrée. Enfin les Bohémiens sont fades en comparaison. Je suis sensible à la parfaite bonne grâce : vous souvient-il quand vous me faisiez rougir les yeux à force de bien danser ? Je vous assure que cette bourrée dansée, sautée, coulée

    mouflé, c’est un vrai visage à être mouflé. » (Dictionnaire de l’Académie de 1694.)

  1. Voyez tome II, p. 493, note 15. Le mot, comme le dit cette note, a diverses formes ; au tome II, il est écrit calambour.
  2. Un autre est la leçon du manuscrit. Voyez au tome 1 du Corneille de M. Marty-Laveaux, la note a de la p. 228.