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1676d’une amitié que je crois vive et sincère, et qui seroit un peu trop rude, si vous ne m’en donniez cette marque.

Je partis hier de Langlar. La bonne princesse[1] m’avoit envoyé un laquais, pour me dire qu’elle seroit ici mardi 16e. Bayard, avec sa parfaite vertu, ne voulut jamais comprendre cette nécessité de partir ; il retint le laquais, et m’assura si bien qu’elle m’attendroit jusqu’au mercredi, qui étoit hier, et que même il viendroit avec moi, que je cédai à son raisonnement. Nous arrivâmes donc hier ici ; la princesse étoit partie dès la pointe du jour, et m’avoit écrit toutes les lamentations de Jérémie ; elle s’en retourne à Vitré, dont elle est inconsolable ; elle eût été, dit-elle, consolée, si elle m’avoit parlé : je fus très-fâchée de ce contre-temps ; je voulus battre Bayard ; et vous savez tout ce que l’on dit.

Nous avons couché chez Mme Foucquet, où une fort jolie femme de ses amies nous vint faire les honneurs. Ces pauvres femmes sont à Pomé, une petite maison qu’elles ont achetée, où nous allons les voir après dîner. Je vais dîner à Sainte-Marie, avec le tombeau de M. de Montmorency, et les petites de Valençay[2]. Je vous écrirai de Pomé de grandes particularités, qui vous surprendront, de Mme de Montespan : ce qui vous paroîtra bon, c’est que ce seront des vérités, et toutes des plus mystérieuses. Bayard est de ce voyage : c’est un d’Hacqueville pour la probité, les arbitrages et les bons conseils, mais fort mitigé sur la joie, la confiance et les plaisirs. Il vous révère, et il vous supplie de le lui permettre, en faveur de l’amitié qu’il a pour moi.

  1. Dans les éditions de 1726 : « La bonne princesse de Tarente. » — On y lit immédiatement avant : Langlure, au lieu de Langlar.
  2. Voyez tome II, p. 68, note 8, et plus haut, p. 449, la lettre du 17 mai. — Deux lignes plus loin, les éditions de Perrin donnent Quanto, au lieu de Mme de Montespan.