Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/502

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 496 —


1676fait[1] pour le moins autant de mal qu’à vous, et quelquefois jusqu’aux larmes. Ne vous moquez point de moi, je vous en conjure, et contez à Montgobert mes tristes raisons, afin qu’elle les comprenne, qu’elle me plaigne, et qu’elle ne me gronde plus. Voilà ce que je voulois encore vous dire pour faire honneur à la vérité : faites-en, ma chère fille, à l’amitié que vous avez pour moi, en me venant voir : l’envie que j’en ai passe tout ce que je puis vous en dire ; mais parlons d’autre chose.

Je suis ici de jeudi, comme je vous l’ai mandé ; je m’en vais demain à Moulins, d’où je ferai partir cette lettre, et en partirai moi-même pour Nevers et Paris. Toute la sainteté du monde est ici ; cette maison est agréable ; la chapelle est ornée. Mes pauvres mains, si elles me faisoient quelque jour retourner à Vichy, je vous assure que je ne me ferois pas des cruautés comme cette fois. Corbinelli me trouve un peu enrôlée dans la sacrée paresse[2] ; mais je ne sais si ma santé ne me rendra point ma rustauderie : je vous le manderai, afin que vous ne m’aimiez pas plus que je ne le mérite.

Je vous loue extrêmement de l’envie que vous avez d’établir le pauvre baron[3]. Quand je serai à Paris, nous tâcherons de seconder vos bons commencements. Ne sommes-nous pas trop heureux[4] que la campagne jusqu’ici soit si gracieuse ? Je crains bien un détachement pour l’Allemagne. Vous n’êtes pas présentement dans l’ignorance de la mort de Ruyter, ni de la prison du

  1. LETTRE 550. — Dans l’édition de 1754 : « cette pensée m’a fait. »
  2. Voyez l’apostille de Corbinelli, à la suite de la lettre du 17 avril précédent, p. 413.
  3. Charles de Sévigné.
  4. Dans l’édition de 1754, on lit : heureuses, pour heureux, et à la ligne suivante : douce, au lieu de gracieuse.