Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/511

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 505 —


morte d’avoir repris votre route du midi par le temps qu’il fait. Si Saint-Hérem[1] est à sa capitainerie, je vous écrirai peut-être encore ce soir, au cas qu’il me dise quelque nouvelle ; mais dans l’incertitude, je vous écris d’ici, afin de n’avoir plus qu’à me coucher en arrivant ; car il sera tard, et vous voulez que je me porte bien.


553. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ
À MADAME DE GRIGNAN.

1676

À Paris, mercredi 1er juillet.

Jarrivai ici dimanche, ma très-chère belle ; j’avois couché à Vaux[2], dans le dessein de me rafraîchir auprès de ces belles fontaines, et de manger deux œufs frais. Voici ce que je trouvai le comte de Vaux[3], qui avoit su mon arrivée, et qui me donna un très-bon souper ; et toutes les fontaines muettes, et sans une goutte d’eau, parce qu’on les raccommodoit : ce petit mécompte me fit rire. Ce comte de Vaux a du mérite, et le chevalier[4] m’a dit qu’il ne connoissoit pas un plus véritablement brave homme. Les louanges du petit Glorieux ne sont pas mauvaises ; il ne les jette pas à la tête. Nous parlâmes fort, M. de Vaux et moi, de l’état de sa fortune présente, et de ce qu’elle avoit été. Je lui dis, pour le

  1. Gouverneur de Fontainebleau et capitaine des chasses. Voyez tome II, p. 110, note 3.
  2. LETTRE 553. — La terre de Vaux-le-Vicomte, qui d’abord avait été confisquée, fut rendue par le Roi aux créanciers de Foucquet, qui à leur tour l’abandonnèrent à Mme Foucquet, séparée de biens d’avec son mari.
  3. Louis-Nicolas, comte de Vaux, vicomte de Melun, fils aîné de Foucquet. Il épousa Jeanne Guyon, et mourut en 1705.
  4. De Grignan.