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1676été ; c’est une faveur dont elle n’avoit jamais approché ; ainsi va le monde. Notre petite amie[1] n’en est pas plus empressée.

Mme de Nevers[2] est belle comme le jour, et brille fort, sans qu’on en soit en peine. Mlle de Thianges[3] est grande ; elle a tout ce qui compose une grande fille[4]. L’hôtel de Grancey est tout comme il étoit, rien ne change. Le chevalier de Lorraine[5] est très-malotru et très-languissant : il auroit assez l’air d’être empoisonné, si Mme de Brinvilliers eût été son héritière. Monsieur le Duc fait son quartier d’été en ce quartier mais Mme de Rohan s’en va à Lorges : cela est un peu embarrassant[6]. Ne voudriez-vous point un peu savoir des nouvelles de Danemark ? en voilà que je reçois par la

    une note de Bussy (tome II, p. 315 de sa Correspondance), que Monsieur perdit, dans une campagne, cent mille écus contre Dangeau, Langlée et quelques autres, et qu’il fut obligé, pour acquitter cette somme, de donner l’ordre de vendre sa vaisselle d’or, son balustre d’argent, et une partie de ses pierreries. Son valet de chambre (Mérille) trouva cinquante mille écus dans la bourse de ses amis, et conserva ces objets à son maître. (Note de l’édition de 1818.) Voyez la lettre du 29 juillet suivant, p. 544-547.

  1. Mme de Coulanges.
  2. Voyez tome II, p. 22, note 5.
  3. Sœur de Mme de Nevers et nièce de Mme de Montespan.
  4. On lit dans le manuscrit : « elle a le noir et tout ce qui compose une grande fille. »
  5. C’est le texte des impressions de 1726. On lit le chevalier de** dans les éditions de Perrin ; le chevalier tout court dans le manuscrit. Au lieu de très-malotru, que Perrin a omis, il y a tout maléficié dans l’édition de la Haye (1726).
  6. Mme la duchesse de Rohan Chabot devait emmener à Lorges Mme de Coetquen, sa fille ; mais le départ de celle-ci fut retardé d’un mois (voyez la lettre du 5 août suivant). Mme de Coetquen avait été maîtresse du chevalier de Lorraine il paraîtrait, d’après ce passage, que Monsieur le Duc était alors le rival préféré. (Note de l’édition de 1818.) — L’hôtel de Rohan était à la place Royale.