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1676 verain pontificat. Monsieur de Rome[1] est enfin mort, comme dit Monsieur de Noyon[2]. Je ne sais point encore ce que fera notre bon cardinal[3] ; j’attends d’Hacqueville : s’il y va, ma fille[4], il faut que vous fassiez toute chose pour avoir encore la joie de le voir en passant. Voilà Monsieur de Marseille bien reculé ; car le nouveau pape fera la première promotion pour ses créatures, et puis pour les couronnes, et dans ces couronnes il n’est pas assuré que la Pologne en soit : c’est selon le pape ; car, quand on veut chicaner, on dit qu’elle n’a que la sollicitation, et point du tout le droit de nommer, comme la France et l’Espagne ; et quand elle nommeroit, sera-ce toujours Monsieur de Marseille[5]  ? Enfin c’est bien du temps.

Vous ai-je dit que Madame de Savoie[6] avoit envoyé cent aunes du plus beau velours du monde à Mme de la Fayette, et cent aunes de satin pour le doubler, et depuis deux jours encore son portrait entouré de diamants, qui vaut bien trois cents louis ? Je ne trouve rien de plus divin que ce pouvoir de donner, et cette volonté de le faire aussi à propos que Madame Royale.

  1. Clément X, mort le 22 juillet, dans la quatre-vingt-septième année de son âge, et la septième de son pontificat.
  2. Voyez tome II, p. 102, note 12.
  3. De Retz.
  4. « J’attends d’Hacqueville pour savoir ce que fera notre bon cardinal : s’il part, ma fille, etc. » (Édition de 1754.)
  5. Monsieur de Marseille avoit la nomination du roi de Pologne. (Note de Perrin.) — Mme de Sévigné devinait très-juste. Le roi de Pologne retira sa recommandation, et ce fut à Louis XIV que M. de Janson dut la pourpre romaine. (Note de l’édition de 1818.) — Dans l’impression de 1754, Perrin a ainsi modifié la fin de la phrase : « et quand elle nommeroit, qui pourroit dire que ce sera toujours, etc. »
  6. Marie-Jeanne-Baptiste de Savoie-Nemours, régente des États de Victor-Amédée-François, son fils. (Note de Perrin.) — Voyez ci-dessus la note 5.