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elle est incapable d’aucune bonne résolution. La ruine de cette maison fait grand bruit. Je lui dis hier : « Enfin, Madame, c’est par le respect que nous avons pour vous, que nous nous trouvons dans l’embarras des affaires de Monsieur votre frère : si nous avions fait, il y a trois ans, ce que nous venons de faire, M. de Mirepoix n’auroit pas le prétexte de cette déroute pour nous refuser notre ratification[1]. » On ne sait seulement ce qu’elle répond ; elle va regarder aux portes si on ne l’écoute point, et quand elle voit qu’il n’y a personne, elle n’en dit pas davantage. C’est une misérable. On ne parle que des dissipations de cette maison, depuis les plus grandes jusques aux plus petites choses. Sottes gens, sotte besogne : il faut en revenir là.

Ne craignez rien de notre guerre de Bretagne ; ce n’est plus rien du tout ; fiez-vous à ma poltronnerie : je crois que je m’en irai avec le grand d’Harouys.

Je me porte très-bien ; le bon de l’Orme[2] m’a dit que je gardasse sa poudre pour cet hiver, et que je prisse trois jours de cette tisane ; c’est un remède de canicule ; il me croit hors d’affaire.

Mon fils est désespéré du guidonnage. Vous souvient-il de nos folies de don Quichotte ? Il se trouve présentement à neuf cents lieues de ce cap dont nous lui avons tant

  1. « Notre satisfaction. » (Édition de la Haye.) — M. de Grignan avait épousé en secondes noces Marie-Angélique du Puy-du-Fou, mais n’en ayant pas eu d’enfants, il était obligé de restituer la dot qu’il avait reçue. Il paraît qu’une transaction était intervenue, et que le marquis de Mirepoix, qui avait épousé Madeleine du Puy-du-Fou, belle-sœur de M. de Grignan, avait promis de la ratifier, et cherchait à éluder sa promesse. (Note de l’édition de 1818.) — Voyez les lettres des 10 et 12 juillet précédents, du 23 août suivant, et du 8 mars 1676.
  2. Voyez la note de la lettre du 11 mars 1676, et comparez les lettres du 7 août précédent et du 3 février 1676.