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1675
nal[1] m’ordonne de vous l’envoyer, et me paroît piqué de ce que je ne l’ai pas encore fait. Je ne sais comme vous avez pu imaginer qu’il fût honnête de refuser une telle chose : ou je radote et ne sais plus vivre, ou c’eût été la plus rude et la moins respectueuse action que vous eussiez jamais pu faire[2].

J’ai[3] envoyé au cardinal de Bouillon la lettre de M. de Grignan. J’attends à toute heure votre reine de Hongrie[4], dont je vous remercie mille fois. Mme de Villars en aura sa part ; c’est une merveille que d’en avoir de cette bonté. L’abbé a supputé votre tapis à loisir : vous l’aurez pour deux cents livres, pourvu que la frange soit fausse comme à celui de Mme de Verneuil. La bonne Troche[5] est hors de peine. On croyoit que le frère de Tabine[6] se fût battu comme un petit Mars, et qu’il eût tué son homme ; mais cela est devenu faux. Adieu, ma très-chère bonne enfant, pour aujourd’hui. Les Villars vous adorent, et nous avons parlé de vous ; elles sont bien éprises et bien entêtées de ce que vous valez. Adieu, ma très-aimable bonne ; j’embrasse mes chers petits-enfants.

  1. Le cardinal de Retz.
  2. Voyez les lettres du 24 juillet 1675 (tome III, p. 525), et du 9 septembre suivant.
  3. Nous donnons ce paragraphe d’après notre manuscrit, en en combinant le texte avec celui de l’édition de la Haye (1726).
  4. C’est-à-dire votre eau de la reine de Hongrie. L’eau de la reine d’Hongrie, dit le Dictionnaire de Trévoux, « est une distillation qui se fait au bain-marie, des fleurs de romarin, sur lesquelles on a versé de l’esprit-de-vin bien rectifié. — On l’appelle ainsi à cause du merveilleux effet qu’en ressentit une reine de Hongrie à l’âge de soixante-douze ans. »
  5. Dans l’édition de la Haye, on lit Torelle, au lieu de Troche.
  6. À la place de Tabine, que donne le manuscrit, il y a deux astérisques dans l’édition de la Haye. Il faut sans doute dans ce nom changer le b en t. Dans une chanson de Coulanges (tome I, p. 288), Mlle de la Troche est appelée « la brillante Tatine. »