crois que vous ferez mieux d’aller jusqu’à Orléans, ce n’est qu’un jour davantage ; vous y trouverez Beaulieu, qui vous tiendra une voiture prête, et le lendemain assurément je vous irai recevoir et prendre dans mon carrosse ; et le vôtre d’Orléans amènera toutes les hardes et vos gens. Adieu, ma très-chère enfant, songez à ce mauvais chemin de Grignan à Montélimar. Je suis très-fâchée que vous ayez été importunée de votre M. de Castellane[1], noir comme une taupe, et tout le reste ; il me semble que je vois votre désespoir : dès qu’on a un pouce de terre, on connoît ces sortes de visites. Le bien Bon[2] vous honore ; il fait des merveilles de diligence pour faire enfanter la ratification[3] : c’est un travail dont ils ne peuvent se délivrer. Je vous embrasse et le Comte ; assurez-le de ma tendresse. Bonjour, le pichon.
590. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.
Eh mon Dieu, est-il possible que le monde trouve ridicule[4] que vous me veniez voir, et qu’on puisse trouver étrange que vous quittiez M. de Grignan pour un peu de temps, afin de me donner cette marque de votre amitié ?
- ↑ 23. Voyez tome IV, p. 307, note 13.
- ↑ 24. Ces dernières phrases ne se trouvent que dans notre manuscrit.
- ↑ 25. Voyez plus haut, p. 104 et 105.
- ↑ Lettre 590 (revue en partie sur une ancienne copie). — 1. Tel est le texte du manuscrit ; les deux éditions de Perrin donnent : « Est-il possible que vous puissiez croire que le monde trouve ridicule, etc. »
de 1754 la donne avec « un jour de plus, » au lieu de « un jour davantage, » et a modifié la fin ainsi : « celui d’Orléans amènera vos gens et toutes vos hardes. »