Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/174

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


santé, ou pour mieux dire, ne vous trompez point vous-même ; observez-vous, et ne négligez pas la moindre douleur, ni la moindre chaleur que vous sentirez à cette poitrine : tout est de conséquence, et pour vous, et pour cette aimable mère. Adieu, belle Comtesse : je vous assure que je suis bien vive pour sa santé, et que je suis à vous bien tendrement.


611. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, mercredi 9e juin.

Je fus donc hier chez Mme de Vins et chez Mlle de Méri, comme je vous avois dit : elles n’avoient reçu ni l’une ni l’autre les petits billets que je vous fis écrire pour elles ; ce dérangement me mit en colère contre le bel abbé[1]. Je regrettai de ne m’être pas chargée de toutes vos petites dépêches : j’aime la ponctualité. Mais, ma chère enfant, comment vous portez-vous ? n’avez-vous point un peu dormi ? Vous êtes partie présentement, quoiqu’il ne soit que six heures du matin. Mme de Coulanges m’envoie proposer de Chaville[2], où elle est, de l’aller prendre pour aller dîner à Versailles avec M. de Louvois, que je ne trouverois de longtemps sans cela. Je vais donc faire cette petite corvée ; M. de Barrillon vient avec moi. Je me porte très-bien : plût à Dieu que votre beau tempérament eût repris sa place chez vous, comme le mien a fait chez moi ! votre santé est l’unique soin de ma vie. J’appris encore hier que rien n’est si bon que

  1. Lettre 611. — 1. L’abbé de Grignan.
  2. 2. Voyez ci-dessus, p. 53, note 4.