Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/229

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1677 peu aller votre cœur de ce côté-là : je suis persuadée que cela vous divertira extrêmement. La Bagnols[1] est partie aujourd’hui. Je mande à mon fils que s’il n’est point mort de douleur, il vienne demain dîner avec tous les Pompones. Il sera plus heureux que M. de Grignan, qui se trouve abandonné parce qu’il n’avoit à Aix que trois maîtresses, qui toutes lui ont manqué : on n’en peut avoir une trop grande provision ; qui n’en a que trois, n’en a point : j’entends tout ce qu’il dit là-dessus. Mon fils est bien persuadé de cette vérité ; je suis assurée qu’il lui en reste plus de six, et je parierois bien qu’il n’en perdra jamais aucune par la fièvre maligne, tant il les choisit bien depuis quelque temps. Oh ! vous voyez que ma plume veut dire des sottises, aussi bien que la vôtre.

Je suis fort aise que le parlement[2] n’ait point été ingrat envers M. de Grignan ; je me souviens fort bien comme il fut reçu l’année que j’y étois[3]. Pour le premier président[4], quand on en est content en fermant sa lettre, on change d’avis avant que la poste soit arrivée à Lyon. Ce qu’il y a de vrai, c’est l’amour et le respect de toute la province pour M. de Grignan. Ma chère enfant, au moins d’ici vous voulez bien que je vous embrasse tendrement. Je n’achèverai cette lettre que mercredi.

Mercredi 21e juillet.

Toute la maison de Pompone vint hier dîner avec nous ; mon fils s’y rendit de Paris : tout alla très-bien. Mme  de Vins et d’Hacqueville sont demeurés ; ils ne s’en iront que ce soir. Nous avons parlé d’Isis ; l’imagination

  1. 7. Sœur de Mme  de Coulanges. (Note de Perrin.)
  2. 8. Le parlement d’Aix.
  3. 9. En 1672 ou en 1673.
  4. 10. Marin.