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La belle Madame[1] commence un peu à se lasser de cette exposition[2] publique ; elle a été deux ou trois jours à n’avoir pas la force de s’habiller. Le Roi ne laisse pas de jouer ; mais le jeu n’est pas si long. Si ce changement de théâtre finit[3], c’est qu’il étoit trop agréable pour être de longue durée. Elle[4] affecte fort de n’avoir point d’heures particulières ; tout le monde est persuadé que la bonne politique veut qu’elle n’en ait point, et que si elle en avoit, elle n’en auroit plus. Je verrai bientôt Gourville, et peut-être à Fresnes : c’est le moyen de savoir tout à la fois. La Villars s’en va en Savoie jouer un assez joli rôle ; elle a un carrosse magnifique, une belle housse de velours rouge, et tout le reste. Un de ses plaisirs, dit-elle, c’est qu’elle n’aimera personne en ce pays-là : voilà un triste plaisir. Celui de la d’Heudicourt, qui s’en va chez elle pour quelques semaines, n’est pas plus gai. Les plaisirs de ce bon pays[5] que vous savez, c’est de combler de joie, de faire tourner la tête, et puis de ne plus connoître les gens ; mais surtout c’est de se passer parfaitement de toutes choses. Ce détachement[6] en mériteroit un
Barrillon de Morangis. « C’étoit, dit Saint-Simon (tome II, p. 274)» un homme qui ne sortoit presque jamais de son diocèse, où il menoit une vie tout à fait apostolique. Il étoit fort estimé et dans la première considération dans le monde et parmi ses confrères, ami intime de Monsieur de la Trappe... Il vint trop tard à Paris se faire tailler, et en mourut de la manière la plus sainte, la plus édifiante, et qui répondit le mieux à toute sa vie. »
- ↑ 4. Mme de Montespan.
- ↑ 5. On lit ici dans le manuscrit exception, au lieu de exposition.
- ↑ 6. L’édition de 1734 porte, au lieu de finit, qui est dans le manuscrit « ne dure pas, » et celle de 1754 « ne dure. »
- ↑ 7. Dans cette phrase, les deux éditions de Perrin donnent partout on, au lieu d’elle.
- ↑ 8. Dans l’édition de 1734 « le plaisir de ce bon pays; » dans celle de 1754 « la manière de ce bon pays. »
- ↑ 9. Voyez la lettre du 7 août précédent, p. 10.