Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/38

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1676 J’aime le bel abbé de l’attention qu’il paroît avoir pour vos affaires, et du soin qu’il a de me chercher pour en discourir avec moi, qui ne suis pas si sotte sur cela, à cause de l’intérêt que j’y prends, que sur toutes les autres choses du monde. Nous passâmes une fort jolie soirée à Livry ; et aujourd’hui nous avons conclu avec le grand d’Hacqueville que tous nos raisonnements sont inutiles pour cette fois, mais qu’il ne faut pas perdre une occasion de demander. Mme  de Vins m’a priée de ne m’en point retourner demain, et de me trouver entre cinq et six chez Mme  de Villars, où elle sera. Nous pourrons voir le soir M. de Pompone, qui reviendra de Pompone, où Mme  de Vins n’est pas allée, à cause d’un procès, et toujours procès, qui sera jugé demain. Je suis tentée de sa proposition, de sorte que j’ai la mine de ne m’en aller que dimanche à la messe à Livry.

On dit que l’on sent la chair fraîche dans le pays de Quanto. On ne sait pas bien droitement où c’est ; on a nommé la dame que je vous ai nommée : mais comme on est fin en ce pays, peut-être que ce n’est pas là. Enfin il est certain que le cavalier est gai et réveillé, et la demoiselle triste, embarrassée, et quelquefois larmoyante. Je vous dirai la suite, si je le puis.

Mme  de Maintenon est allée à Maintenon pour trois semaines. Le Roi lui a envoyé le Nôtre pour ajuster cette belle et laide terre. Je n’ai point encore vu la belle Coulanges ni Corbinelli. L’armée de M. de Schomberg s’en va au secours de Maestricht[1], mais on ne croit point du

  1. 8. Le 21 août, c’est-à-dire à la date de cette lettre, le maréchal de Schomherg campa près de Binch, où il fut joint par les troupes du maréchal d’Humières et par un détachement de cavalerie du maréchal de Créquy. Le 25 il se trouva assez près de Maestricht pour détacher le duc de Villeroy et le comte de Montal, à la tête de quatre nille chevaux, avec ordre de s’approcher des lignes des ennemis,