Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/396

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1677 changer le repos de votre esprit contre celui de sa femme ; aujourd’hui elle voudrait bien que son mari ne fût que dans une extrême maigreur. Il n’y a guère de gens si malheureux, qui ne le soient moins par la comparaison de quelqu’un plus misérable qu’eux. Dieu et la raison sont de grands médecins. Mais cela est plaisant, que je m’embarque à vous dire, pour une simple maigreur, tout ce qu’on diroit pour les plus grands malheurs. C’est vous, Madame, qui m’avez surpris en vous lamentant pour cela, comme pour un mal incurable[1]. Cependant je suis assuré que le plaisir de vous voir et d’être à Paris engraisseront, avant qu’il soit deux mois, la belle Madelonne ; un peu de célibat lui seroit fort salutaire ; je ne sais pourtant si elle n’aimeroit pas mieux le mal que le remède. Mais n’est-ce pas assez parler d’elle pour une fois ? Il est vrai que quand on est après elle, on ne la sauroit quitter, et cela me fait un peu excuser M. de Grignan du mal qu’il lui fait.

Il faut que je vous entretienne de mes prospérités, Madame ce discours ne sera pas long. Le Roi vient de donner une compagnie de cavalerie toute faite, dans le régiment de Cibours, au marquis de Bussy[2]. Vous savez

    service du Roi, l’intégrité incorruptible et le savoir profond sont si connus depuis longtemps dans le royaume, est extrêmement sensible, et il est universellement regretté. » — Dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale on lit, au lieu du nom propre : « du premier président de Paris. »

  1. 5. « Comme si c’étoit un mal incurable. Cependant le plaisir de vous voir et Paris engraisseront, etc. » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.)
  2. 6. « À mon fils, dans le régiment de Cibours. » (Ibidem.) — Il est question dans le Journal de Dangeau, tomes IV, p. 254 et 402 ; VIII, p. 270, d’un M. de Sibourg, qui fut fait brigadier de cavalerie en mars 1693, inspecteur de l’arme en novembre de la même année, et fut autorisé en décembre 1701 à vendre son régiment, que son âge ne lui permettait plus de commander.