Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/408

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1677 que vous les faites fort bien, et qu’elles vous obtiennent une partie des choses que vous demandez. Je vous souhaite l’autre[1] ; et en un mot, mon cher cousin, tout ce que vous desirez. Pour moi, je crois comme vous que pour les malheureux il n’y a qu’à vivre.

J’ai une vision, c’est que dans la fantaisie où le Roi se trouve de faire écrire ses faits et gestes, ce seroit une pensée admirable à lui faire donner par votre ami Saint-Aignan, que la perfection que vous pourriez donner à un tel ouvrage, et alors on pourroit dire de votre esprit :

Et comme il fait les maux, il fait les médecines[2]

Il y a un mois que nous avons cela dans la tête.

Adieu, mon cousin. Le P. Rapin[3] a été désolé de la mort du premier président de Lamoignon. Quelle mort[4] ! J’embrasse ma chère veuve, une petite amitié au frère et à la petite sœur. Ma fille vous fait mille compliments

  1. 4. Bussy, tout en remerciant le Roi de la compagnie qu’il avait donnée à son fils aîné, le suppliait de se souvenir du cadet, qui avait embrassé l’état ecclésiastique, et a depuis été évéque de Luçon. (Note de l’édition de 1818.)
  2. 5. On sait que Bussy avait été accusé d’avoir chansonné le Roi. Voyez la Notice de M. L. Lalanne, au tome I de la Correspondance, p. XX et suivantes. — Le vers cité ici est de Benserade : voyez tome II, p. 5, note 5.
  3. 6. Voyez sur lui les lettres des 19 novembre et 2 décembre 1687, et dans la Correspondance de Bussy, la lettre de Mme  de Scudéry du 27 juin 1671 (tome I, p. 422).
  4. 7. Le P. Bouhours écrit à Bussy, le 4 janvier 1678 : « Vous jugez aisément par vous-même, Monsieur, combien la mort de Monsieur le premier président nous a accablés. C’est un coup de foudre plus surprenant et plus terrible que le coup de canon qui emporta M. de Turenne. Il n’est pas étrange, après tout, qu’un homme de guerre, exposé à la batterie des ennemis, soit frappé plutôt qu’un autre ; mais qu’un homme plein de santé et qui n’est point vieux meure tout à coup d’un transport au cerveau, sans qu’on en voie aucune cause, c’est ce qui me paroît effroyable. »