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1678

707. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET DE MADAME DE GRIGNAN AU COMTE DE BUSSY RABUTIN.

Six semaines après que j’eus écrit cette lettre, je reçus celle-ci de Mme de Sévigné.
À Paris, ce 24e novembre 1678.

de madame de sévigné.

Je veux écrire dans mes Heures ce que dit M. de Comines sur les traverses de la vie humaine. Il y a plaisir de voir que dès ce temps-là il étoit question de tribulation et de misère. Son style donne une grâce particulière à la solidité de son raisonnement. Pour moi, je veux être plus persuadée que jamais de l’impossibilité d’être heureuse en ce monde, puisque Dieu tient loyaument ce qu’il a promis.

On m’a appris une chanson qui m’a fait rire : c’est sur une querelle dont vous avez sans doute entendu parler, entre le comte d’Auvergne et Tallart[1] ; c’est sur un vieux air des Rochelois :

Le jeune comte[2] de Tallart,
Pour ne rien donner au hasard,

  1. Lettre 707. — 1. Sur cette querelle, voyez dans la Correspondance de Bussy, tome IV, p. 225, une lettre de Mme de Seneville. — Le Comte d’Auvergne, né en 1642, était frère du duc et du cardinal de Bouillon. Tallart, né en 1652, était le fils unique de la marquise de la Baume, dont il a été si souvent question dans la Correspondance de Mme de Sévigné.
  2. 2. Dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale : « Le sage Comte ; » à la fin du paragraphe : « si je vois le P. Bouhours, je ne réjouirai avec lui de la manière dont il s’excuse de la critique de la Princesse de Clèves, persuadée qu’il a fait ce joli ouvrage ; » au commencement de l’alinéa suivant : « Voici encore une chanson sur le même air, qu’on dit, etc. ; » à l’avant-dernier vers du second couplet : « d’un grand capitaine ; » à la fin du paragraphe : « sur les airs que faisoit Baptiste ; » à la ligne suivante : « pour Mme de Grignan. »