Chaseu ; ce n’est que deux journées de plus : nous y définirons tout le monde. On me mande qu’on se réjouit fort à Saint-Germain, et qu’on y a grande peur de Pâques : cela peut aussi bien regarder les nouvelles que les anciennes amours[1].
716. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE DE BUSSY RABUTIN ET À MADAME DE COLIGNY.
Que dit-on quand on a tort ? Pour moi, je n’ai pas le mot à dire ; les paroles me sèchent à la gorge : enfin je ne vous écris point, le voulant tous les jours, et vous aimant plus que vous ne m’aimez : quelle sottise de faire si mal valoir[2] sa marchandise ! car c’en est une très-bonne que l’amitié, et j’ai de quoi m’en parer quand je voudrai mettre à profit tous mes sentiments. Il y a dix jours que nous sommes tous à Livry par le plus beau temps du monde ; ma fille s’y portoit assez bien ; elle vient d’en partir avec plusieurs Grignans ; je la suivrai demain. Je voudrois bien qu’elle me demeurât tout l’été ; je crois que sa santé le
- ↑ 11. On ne faisait encore que soupçonner les nouveaux sentiments du Roi, et l’on ne pouvait juger si Mme de Montespan ne reprendrait pas son premier ascendant. « Je ne saurois que vous dire des amours du Roi, écrivait Mme de Scudéry à Bussy, le 28 avril 1679 ; il est dehors, il est dedans, il n’y a rien d’assuré. Cependant, sans sa rechute de 1676, il y auroit lieu de croire qu’il a quitté Mme de Montespan. Mais après cela comment en pourroit-on juger, que l’intéressé ne sauroit en assurer lui-même ? »
- ↑ Lettre 716. — 1. Dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale : « de savoir si mal faire valoir. » Quatre lignes plus bas, après les mots : « s’y portoit assez bien, » ce manuscrit seul donne la fin de la phrase : « elle vient d’en partir, etc. »