Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/541

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1679 mieux votre mal qu’un autre, quand je songe à celui que j’aurois si quelqu’un enlevoit d’auprès de moi l’heureuse veuve ; ce n’est pas que je ne profite de votre séparation, car vous m’écrirez plus souvent quand vous ne lui pourrez plus parler.

Je suis fort aise que vous aimiez le P. Rapin et le P. Bouhours ; de la manière que vous m’en parlez, il semble que vous les ayez longtemps pratiqués[1] ; ce sont deux beaux esprits, tout différents l’un de l’autre ; mais ce que j’en estime le plus, c’est que ce sont de très-bonnes gens. Le traité d’écrire l’histoire[2] du P. Rapin est un petit ouvrage achevé. On ne sauroit mieux représenter le P. Bouhours que vous faites, en disant que l’esprit lui sort de tous côtés : le voilà, je le vois.

J’aime extrêmement les louanges que vous me donnez tous trois ; car je les crois justes, quoique vous soyez mes bons amis ; et quand je devrois les affoiblir un peu, je ne saurois m’empêcher de vous dire que mon élévation feroit plus d’honneur au Roi que celle de tous les nouveaux officiers de la couronne ; mais à propos du Roi[3], je vous envoie la copie de la lettre que je lui viens d’écrire sur la paix générale, et la réponse de notre ami M. de Pompone qui la lui a présentée[4] ; je vous supplie

  1. 2. Dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale : « de la manière que vous m’en parlez, vous les connoissez bien tous deux. » Trois lignes plus bas, après les mots « de très-bonnes gens, » une autre main a ajouté, dans ce manuscrit « et de bons religieux.
  2. 3. Voyez plus haut, p. 531, note 3.
  3. 4. « De notre maître. » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.) Ce manuscrit porte, à la fin du paragraphe : « que je n’ai jamais tant aimé ni tant estimé… » à la troisième ligne du paragraphe suivant : « du feu premier président, que je trouve… »
  4. 5. Voyez ces deux lettres dans la Correspondance de Bussy, tome IV, p. 355 et 364. La lettre au Roi est datée du 30 avril 1679 ; celle de Pompone, du 16 mai.