1680 plus rien à demander à ces Grignans-là : pour l’aîné, c’est une autre affaire ; tant qu’il aura ma fille si loin de moi, j’aurai toujours bien des choses à démêler avec lui. Il me semble que vous devez avoir maintenant Monsieur l’Archevêque, et que vous êtes plus disposée que jamais à jouir de cette bonne et solide compagnie. Vous voilà donc privée de celle de M. Rouillé ; vous le regretterez ; mais ce n’est plus votre affaire, du moment que le lieutenant général cède la place au gouverneur[1]. Je sens présentement le plaisir de voir le Coadjuteur à la tête de cette assemblée[2], avec un nouveau gouverneur et un nouvel intendant ; il y fera des merveilles, et cela me paroît de la dernière importance pour vous. L’étoile est changée, le sort est rompu pour les Grignans, et peut-être pour l’aîné ; ni bonheur, ni malheur, rien n’est de longue durée en ce pays-là ; j’en excepte les prisonniers et les exilés, qui sont hors du commerce.
Mme de Vins m’écrit qu’elle a un plaisir sensible du cercle que nous faisons ; vous lui parlez de moi, elle vous en parle ; je lui parle de vous, elle m’en parle : ainsi nous tournons autour d’elle ; elle me dit cela fort agréablement. Elle est à Pompone, où elle apprend la philosophie de votre père. Le hasard a fait que Corbinelli, par moi[3], leur a donné un homme admirable pour enseigner le droit au fils aîné ; cet homme sait tout, c’est un esprit lumineux, c’est une humeur et des mœurs à souhait : ils sont charmés de cet homme ; c’est lui qui montre à cette belle marquise[4] : elle est bien heureuse