Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/18

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1680 Je ne vous conseille point de mettre de cadre à cette peinture[1] : il me semble qu’elle ne vaut guère. Je ne connois leur prix que par vous[2] : on peut dire de celle-ci comme de celles de Rubens : « Il y a bien de la vérité. » Du reste, si nous voulons nous mettre dans les cadres, mon cabinet sera sans comparaison plus beau que le vôtre : je ne barbouille que de misérables narrations et vous achevez des raisonnements et des réflexions d’un pinceau que j’aime et que j’estime. M. de la Garde m’écrit, en me disant adieu pour Provence[3] ; il s’en va regarder une personne que je voudrois bien voir : j’examine et j’admire souvent de quel cœur et de quelle manière je le desire. Il a vu votre appartement, qu’il a approuvé[4]. Il m’assure que Monsieur le chancelier[5] a fait de même du procédé de M. de Grignan à l’égard du premier président[6], et que la cour n’y balancera pas. Vous êtes présentement les deux doigts de la main ; s’il abusoit de cette réconciliation, je vous conseillerois de vous rebrouiller, pour jouir[7] de la seule chose qu’il peut rendre bonne, qui est son absence ; et vous pourriez même avoir tort bien longtemps, sans qu’on s’en pût douter, tant il a bien établi la mauvaise opinion

  1. 19. « De mettre un cadre à cette peinture. » (Édition de 1737.) — « D’encadrer cette peinture. » (Édition de 1754.)
  2. 20. « Je ne connois le prix des miennes que par vous. » (Éditions de 1737 et de 1754.)
  3. 21. Le texte de 1737, après les mots pour Provence, passe immédiatement à : « Il m’assure, etc. »
  4. 22. Cette petite phrase ne se trouve que dans notre manuscrit ; aussi les deux éditions de Perrin commencent-elles ainsi la phrase suivante : « Il m’assure que Monsieur le chancelier a approuvé le procédé, etc. »
  5. 23. Le chancelier le Tellier.
  6. 24. Marin, premier président du parlement d’Aix.
  7. 25. « Afin de jouir. » (Édition de 1754.)