Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/263

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1683 vous dise que ma sœur y soit outragée, je veux qu’on me coupe les deux oreilles. Ne parlons donc plus d’outrages, et considérez, s’il vous plaît, que moi, par un très-profond respect que j’ai et que je dois avoir pour vos volontés, qui connois la droiture de vos sentiments, la bonté de votre cœur, la justesse de vos raisonnements, quand vous mariâtes ma sœur ; qui suis d’ailleurs pénétré de reconnoissance de ce que vous faites pour moi dans cette occasion, qui est beaucoup plus que ce que vous avez fait pour ma sœur, vu la différence des temps et les angoisses où vous êtes, j’ai toujours ôté à ma sœur tout ce qu’il pouvoit y avoir d’amer dans la proposition toute juste et toute raisonnable que lui faisoit M. de Mauron. Vous m’allez dire qu’elle n’est ni juste ni raisonnable ; mais mettez-vous à la place de M. de Mauron : donnez deux cent mille francs à votre fille ; voyez venir M. de Sévigné à vous avec tous ses papiers bien troussés, et voyez si vous ne voudriez pas au moins lui voir treize mille livres de rente ; et puis vous me direz s’il a grand tort. Au surplus, je finis en vous disant encore que puisque j’ai toujours ôté à ma sœur ce qui pouvoit lui déplaire dans la proposition de M. de Mauron, il n’étoit pas juste qu’elle m’en punît, et qu’elle me fît souffrir des désagréments qu’elle pouvoit m’ôter à bien meilleur marché, que je ne lui ôte ceux de la proposition de M. de Mauron. Enfin elle a écrit ; je lui en ai promis de la reconnoissance ; je la lui témoignerai le prochain ordinaire, et écrirai à Monsieur l’archevêque d’Arles et à M. de la Garde ; je n’ai pas le temps, la poste va partir.


J’ai le cœur fort serré de ce que vous appelez votre chambre des Rochers votre défunte chambre. Y avez-vous donc renoncé, ma très-chère Madame ? Voulez-vous