Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/305

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1684 cite à vue d’œil. » Enfin, il faut avaler tout cela. Je lui dis que je me réjouissois de la santé de l’Europe, la voyant sans deuil ; elle me répondit qu’elle se portoit bien, comme je pouvois le voir par son habit ; mais qu’elle craignoit[1] d’être bientôt obligée de prendre le deuil pour sa sœur l’Électrice[2] ; enfin je sais parfaitement les affaires d’Allemagne. Elle est bonne et très-aimable parmi tout cela.

Voilà une lettre pour M. de Pompone. Ma bonne, que je suis aise qu’il ait cette abbaye[3] ! que cela est donné agréablement, lorsqu’il est en Normandie, ne songeant à rien !

Non ti l’invidio, no, ma piango il mio[4],

c’est-à-dire, ma chère bonne[5], n’y aura-t-il que vous qui n’obtiendrez rien ? Croyez-vous, ma bonne, que vos affaires ne tiennent pas une grande place dans mon cœur ? Je crois que j’y médite plus tristement que vous ; mais, ma chère bonne, profitez[6] de votre courage, qui vous fait tout soutenir, et continuez de m’aimer, si vous voulez rendre ma vie heureuse ; car les peines que me

  1. 20. « Elle me répondit que j’en jugeois très-bien, mais qu’elle craignoit, etc. » (Édition de 1754.)
  2. 21. Charlotte de Hesse-Cassel, née le 2 novembre 1627, mariée le 12 février 1650 à Charles-Louis de Bavière, électeur palatin. Elle mourut le 16 mars 1686 ; elle était veuve depuis le 7 septembre 1680.
  3. 22. « Sa Majesté a donné à l’abbé de Pompone (Henri-Charles Arnauld, fils du secrétaire d’État) l’abbaye de Saint-Maixant, ordre de saint Benoît, diocèse de Poitiers, vacante par le décès du chevalier de Humières. » (Gazette du 30 septembre 1684.) Dans le texte de 1754 : « Que je suis aise, ma fille, qu’il ait cette abbaye ! »
  4. 23. « Je ne te l’envie pas, non, mais je plains le mien (mon sort). »
  5. 24. « Ma chère enfant. » (Édition de 1754.) À la ligne suivante, ma bonne a été supprimé par Perrin.
  6. 25. « Je suis persuadée que j’y médite plus tristement que vous ; mais profitez, etc. » (Édition de 1754.)