Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/334

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qu’un : je vous en demande de Corbinelli ; il y a plus de quinze jours que je n’ai vu de son écriture, et il y avoit plus de trois semaines que je n’en avois vu auparavant : il abuse de la liberté d’être irrégulier. Son neveu revient-il ? je lui ai conseillé de le mander. Vous pouviez, sans aucun scrupule, lire la lettre de Mme de Vins ; je crois fort aisément que vous ne l’avez point lue ; elle me devoit une réponse, et dit que ne vous ayant point vue, et n’ayant rien à me dire de vous, elle ne trouvoit pas qu’elle dût m’écrire pour ne me parler que d’elle : quand vous lui écrirez, faites-lui des amitiés pour moi, et tâchez de faire aller un souvenir jusqu’à Pompone. Je suis en peine de la maladie de Monsieur le Dauphin[1] ; le chevalier mande qu’il se porte mieux.

Adieu, ma chère et très-aimable : je ne puis me représenter d’amitié au delà de celle que je sens pour vous ; ce sont des terres inconnues.


1684

944. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, mercredi 13e décembre.

On a beau m’assurer qu’il n’y eut hier justement que trois mois qu’en vous disant adieu je répandis tant de larmes amères, non, ma chère Comtesse, je ne le croirai jamais : je vous le dis sérieusement, je ne comprends plus la mesure du temps depuis le jour de notre sépara-

  1. 6. « Monseigneur le Dauphin, dit la Gazette du 2 décembre, a eu quelques accès de fièvre avec une ébullition de sang ; mais ayant été saigné deux fois et pris quelques remèdes, il est entièrement guéri. » Voyez aussi le Journal de Dangeau du 23 et du 27 novembre 1684.