Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/336

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1684 de son chemin, toute précieuse qu’elle est, par une armée de quarante mille hommes ; il n’en faut pas moins pour lui faire un lit. Il me semble que c’est un présent que Mme  de Maintenon fait au Roi, de la chose du monde qu’il souhaite le plus. Je ne connoissois point le nom de cette rivière, mais quoiqu’il ne soit pas fameux, ceux qui sont sur ses bords ne laisseront pas d’être étonnés de son absence : ce n’est point ce qu’on a accoutumé de craindre dans un tel voisinage, et les géographes seront aussi embarrassés que ceux qui n’eussent point trouvé le mont Pélion et le mont Ossa, quand Mercure les eut dérangés : cette considération l’obligea, comme vous savez, à les remettre en place[1] ; mais Sa Majesté n’aura pas tant de complaisance pour ces Messieurs.

Il me paroît que M. de Montausier ne ménagera guère la maison de Polignac, de faire rompre par son opiniâtreté un mariage si engagé et si assorti[2]. M. de la Garde m’en écrivit l’autre jour dans votre sentiment, trouvant fort mal de traiter ainsi des gens de cette qualité et d’un si grand mérite à l’égard de Mlle  d’Alerac et de M. de Grignan ; je suis assurée que bien des gens seront de cet avis. Si vous trouvez Mme  de Lavardin, vous ferez bien de continuer à lui parler confidemment de cette affaire.

    les brigadiers, et ce qu’on y employa d’officiers généraux, n’avoient pas, quels qu’ils fussent, la liberté de s’en absenter un quart d’heure, ni de manquer eux-mêmes un quart d’heure de service sur les travaux. La guerre enfin les interrompit en 1688, sans qu’ils aient été repris depuis ; il n’en est resté que d’informes monuments, qui éterniseront cette cruelle folie. »

  1. 2. Voyez dans la Traduction de Perrot d’Ablancourt (édition d’Amsterdam, 1683), la fin du dialogue de Lucien intitulé : Caron ou le Contemplateur. « Mais (dit le Dieu) il est temps de descendre et de remettre ces montagnes en leur place, pour n’embarrasser pas les géographes, lorsqu’ils les trouveroient à dire. »
  2. 3. Voyez la lettre du 24 septembre précédent, p. 286.