Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/361

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1685 toute la case de Pompone ne m’auroit pas chassée. Jamais, ma chère Comtesse, vous n’avez passé un hiver qui me convînt tant[1] : j’envie et je regrette tous vos plaisirs, mais bien plus celui de vous voir, ma bonne, et d’être avec vous, et de jouir de cette chère amitié[2] qui fait toutes mes délices.


À cinq heures du soir.

Mon fils vient de voir ma jambe ; en vérité, ma bonne, je la trouve fort bien ; il vous le va dire, et hors la promptitude[3] de quatre jours, on ne peut pas dire que je ne sois guérie par la sympathie. Mon fils vient de mettre cet onguent noir pour faire la cicatrice, car il n’y a plus que cela à faire ; et nous gardons précieusement le reste de la poudre pour quelque chose de plus grande importance ; et croyez, ma chère bonne, que je ne m’en dédirai point, c’est vous qui m’avez guérie ; l’air du miracle n’y a pas été, voilà tout. Je viens de me promener : ôtez-vous de l’esprit que je sois malade ni boiteuse, je suis en parfaite santé. Je me réjouis de celle du chevalier, c’est toujours beaucoup d’en avoir la moitié, il n’étoit pas si riche l’année passée. Votre belle-sœur vous prie de mander s’il y a quelque chose de changé à la façon des manteaux et à la coiffure ; elle vous révère. Embrassez M. de Grignan tendrement. Le bien Bon est tout à vous deux ; il n’écrit jamais de moi, parce que ce sont des affaires et des calculs qui lui font oublier sa pauvre nièce[4]. Je demande au marquis et à

  1. 23. Toute cette première partie de la phrase, et à la ligne suivante les mots : « ma bonne, » manquent dans l’impression de 1754.
  2. 24. De cette amitié, etc. » (Édition de 1754.)
  3. 25. « En vérité, il la trouve fort bien, et hors la promptitude, etc. » (Ibidem.)
  4. 26. « J’embrasse tendrement M. de Grignan. Le bien Bon vous