Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/499

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1686 Madame la Dauphine, de porter tous les deuils de l’Europe par parenté ; enfin rien ne manquoit à la suprême beauté de cette circonstance. Mais comme on ne peut pas être entièrement heureux en ce monde, Dieu a permis que Madame la Dauphine, ayant su que cette jolie personne avoit signé partout Sophie de Bavière, s’est transportée d’une telle colère, que le Roi fut trois fois chez elle pour l’apaiser, craignant pour sa grossesse. Enfin tout a été effacé, rayé, biffé, Monsieur de Strasbourg[1] ayant demandé pardon, et avoué que sa nièce est d’une branche égarée et séparée depuis longtemps, et rabaissée par de mauvaises alliances, qui n’a jamais été appelée que Lœwenstein[2]

C’est à ce prix qu’on a fini cette brillante et ridicule

    le nom sans aucune part au rang, honneurs, droits et biens de leur père ; aussi Madame la Dauphine et Madame trouvèrent-elles très-mauvais qu’elle se fût dite de la maison palatine par son contrat de mariage, quoiqu’elle en fût très-véritablement, et cela fit une fort grosse affaire. » — Voyez aussi les Mémoires de Choisy, tome LXIII, p. 299 et suivantes ; les Souvenirs de Mme  de Caylus, tome LXVI, p. 425 ; et les Mémoires de Saint-Simon, tome I, p. 359 et suivantes. — Pour le vers cité (p. 491), voyez tome V, p. 68, et la note 5.

  1. 10. Guillaume-Égon, prince de Furstenberg, frère de François Égon (voyez la note 17 de la lettre du 7 octobre 1676, tome V, p. 91), et oncle de Mlle  de Lœwenstein, né en 1629, nommé en 1663 à l’évéché de Metz, dont il se démit en 1668, succéda à son frère sur le siége de Strasbourg en 1682, et fut promu au cardinalat en 1686. Il se retira à Paris, où le Roi lui donna l’abbaye de Saint-Germain des Prés, et mourut le 10 avril 1704. « Furstenberg, dit Saint-Simon (tome II, p. 391 et 392 ; mais voyez aussi les pages suivantes, sur sa famille), étoit un homme de médiocre taille, grosset, mais bien pris, avec le plus beau visage du monde… qui parloit fort mal françois qui, à le voir et à l’entendre à l’ordinaire, paroissoit un butor, et qui, approfondi et mis sur la politique et les affaires, à ce que j’ai ouï dire aux ministres et à bien d’autres de tous pays, passoit la mesure ordinaire de la capacité, de la finesse et de l’industrie. »
  2. 11. Il y a Lenestin dans l’édition de 1773 ; Mme  de Sévigné avait sans doute écrit Leuestin..