Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/155

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

soeur. Monsieur le chevalier lui répondit Vous comptez ̃ donc, Monsieur le bien de Mlle de Grignan pour celui de Mlle d’Àlerac? Eh bien, Monsieur, si cela est, elle a encore cinq cent mille francs : mariez-la donc à un duc ; mais vous comptez mal, car elle peut le donner à un couvent, aux pauvres, à qui elle voudra enfin, et peut-être n’en aura-t-elle jamais rien. » M. de Montausier finit la conversation par mille tendresses, par mille protestations, en un mot par ses sentiments, qui sont bons et honnêtes, parce qu’ils sont naturels : mais pour ses raisons comme elles lui sont inspirées par sa fille, elles sont toutes de travers.[1] :

Votre fille est toujours à Versailles, à tous les bals. Je l’ai vue sans lui parler. Mme d’Uzès me parla de ma jupe, dont à propos il faut que je vous remercie. C’est la plus magnifique jupe de Versailles, et d’une si grande beauté que Monsieur me dit .« Madame, vous n’avez pas acheté cette étoffe vous êtes trop bonne ménagère. » Je lui avouai que c’étoit un présent que vous m’aviez fait ; je vous en ai fait tout l’honneur.

Vous me mandez que je ne crois jamais que mon fils ait assez d’habits : je ne lui fais rien faire que de nécessaire. J’avoue que j’ai fort envie qu’il danse au bal : il est joli, d’un bon air, dansant bien ; il ne sera jamais plus propre à paroître et à donner une jolie idée de lui. Je serois donc fort aise de le produire avec un habit de bal digne de lui. Je crois que j’en ferai la dépense. Si Monsieur de Carcassonne y veut avoir égard, il me fera grand plaisir; je suis assurée[2] que s’il étoit ici, il lui feroit présent de sept aunes d’étoffe.

Vous voyez, mon cher Comte qu’avec tant de pen-.

  1. 11. Sur ces difficultés de famille, voyez la Notice, p. 347-254.
  2. 12. Dans l’édition de 1832 «je suis persuadée.