Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/159

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1052. DE MADAME DE SÉVIGNÉ

A GAIGNIERES[1].

Mardi [9 mars].

J’ai tenté plusieurs fois, Monsieur, d’entrer à l’hôtel de Guise pour vous faire mes sincères compliments, et vous dire la douleur que j’ai moi-même de la perte irréparable que nous avons faite.[2]

  1. LETTRE 1052 (revue sur l’autographe). .1 La fausse date 6 mars a été marquée sur l’autographe par une autre main que celle de Mme de Sévigné ; il est à présumer que le billet est du 9, du premier mardi après la mort de Mlle de Guise : voyez la note 2. « François-Roger de Gaignières, gouverneur des ville, château et principauté de Joinville,... titre probablement honorifique, puisque le titulaire habitait Paris. Cet homme avait rassemblé à l’hôtel de Guise qu’il habitait, manuscrits, imprimés, estampes, dessins, tableaux, sculptures, médailles, cartes géographiques, un monde de science et d’art, extraordinaire pour le temps..... Gaignières..... était un vrai curieux, de fortune assez bornée, mais dont l’ardeur ingénieuse et le savoir multipliaient les ressources. Il voulut par ses collectiens éclairer tout l’ensemble de l’histoire de France. Il voyagea dans le pays et fit voyager des artistes. II consacra le plus pur de sa fortune à ces dépenses. Le P. de Montfaucon. lui fit plus d’un emprunt pour son grandtravail.... Quatre ans avant sa mort, arrivée en mars 1715, Gaignières fit don de ses collections à Louis XIV. Un arrêt du conseil d’État, en date du 6 mars 1717, ordonna le dépôt de la plus grande partie à la Bibliothèque, prescrivit.... la vente d’une certaine portion, et en outre, on ne sait comment, un recueil frès-împortant. se trouve aujourd’hui dans la bibliothèque Bodléienne d’Oxford. » (M. Feuillet de Conches, Causeries d’un Curieux, tome II, p. 455 et suivantes.) Sur la composition du riche cabinet de Gaignières, voyez les intéressants détails que donne l’auteur cité, et deux passages où il renvoie l’un de Saint-Simon (tome XVII, p 310 et suivantes); l’autre au Mercure d’avril 1702, racontant une visite que le duc de Bourgogne avait faite à Gaignières “ dans sa belle et agréable maison, vis-à-vis les Incurables. » L’extrait du Mercure est donné dans une note au Journal de Dangeau, tome VIII, p. 378 et suivantes.
  2. 2. De Mlle de Guise (voyez plus haut, p. 45, morte le mercredi des Cendres (3 mars) précédent. « Mlle de Guise, dit Dangeau à cette date, mourut à Paris, âgée de soixante et treize ans et Saint- mais vous savez, Mon-