Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/230

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qui le méritent, il demande pour eux des régiments, des récompenses ; il jette l’argent aux blessés et à ceux qui en ont besoin. On ne croit pas que la place dure longtemps après ce logement. Le gouverneur, malade12.[1], et celui qui commandoit à sa place étant pris et mort, on espère que personne ne voudra soutenir une si mauvaise gageure. Le chevalier me fait rire il est ravi que le marquis n’ait point été à cette occasion, et il est au désespoir qu’il ne se soit pas distingué ; en un mot, il voudroit qu’il fût tout à l’heure comme lui, et que sa réputation fùt déjà toute parfaite comme la sienne ; il faut avoir un peu de patience. J’espère, ma chère enfant, que tout se passera désormais comme nous pouvons le souhaiter, pour revoir[2] notre enfant en bonne santé. Vous avez été très-bien reçue à la Garde et enfin, ma fille, à force de marcher et de vous éloigner de nous[3]vous êtes à Grignan. Vous nous direz comme

    dant le siège de Philisbourg. Voyez la Ballade de la Fontaine, sur ce sujet, dans le Ier tome de ses OEuvres mêlées, p. 131, édition de Paris, 1729. (Note de Perrin, 1737.) Vauban écrivait à Louvois, le 23 octobre « Il ne tient pas à Monseigneur qu’il n’aille tous les jours à la tranchée; mais le canon y a été si dangereux, que je me suis cru obligé de faire toutes sortes de personnages pour l’en détourner. Je n’ai osé vous mander que la seconde fois qu’il y a été aux grandes attaques, un coup de canon donna si près de lui, que M. de Beauvilliers, le marquis d’Uxelles et moi, qui marchois devant lui, en eûmes le tintouin un quart d’heure, ce qui n’arrive jamais que quand on se trouve dans le vent du boulet. » Lettres militaires, tome V, p. 103. (Note de l'édition de 1818.)

  1. Le comte de Starenberg. Dans la Gazette du 6 novembre, en date du camp devant Philisbourg, le 20 octobre, on le dit dangereusement malade. Lorsqu’après la prise de la place, la garnison défila devant les troupes françaises, il se fit conduire en calèche, et ne mit pied à terre qu’au moment où il aperçut le Dauphin. Voyez la Gazette, p. 608 et 618.
  2. 13. « Espérons, ma chère fille; que tout se passera désormais selon nos désirs, pour revoir, etc.  » (Édition de 1754.)
  3. 14. Les deux mots de nous manquent dans l’impression de 1754.