vence ne vous dévorât point. Mandez-moi sincèrement votre état, et si avec tant d’inquiétudes et de mauvaises nuits, vous n’êtes pas fort emmaigrie. Mme de la Fayette vous prie d’aimer Pauline ; elle voit fort bien, dit-elle, que cette enfant est jolie, et veut, comme Mme de Lavardin, que vous ne refusiez point un bon parti ; elles vous embrassent toutes deux. Le marquis de Jarzé se porte bien ; je le condamne à quitter la guerre, et à vivre doucement chez lui : qu’est-ce qu’un homme avec un bras gauche qui tient la bride du cheval, sans avoir rien de l’autre côté[1] pour se défendre ? Je ne réponds point à tout ce que vous dites sur l’écriture : croyez-vous[2] que je prenne moins de plaisir que vous à notre conversation ? Je me repose des autres lettres quand je vous écris. Je conjure M. de Grignan d’être toujours dans les bons sentiments où il est, et Monsieur le Coadjuteur d’achever son bâtiment : il me disoit ici que rien n’étoit d’un meilleur air pour la maison que de bâtir pendant le procès. Je n’en convenois pas ; mais ce qui seroit sans difficulté d’un mauvais air, c’est la honte qu’il y auroit à ne pas achever ce qui est commencé.
1086. DE MADAME DE SÉVIGNE ET DE MADAME DE COULANGES A MADAME DE GRIGNAN ET DE MADAME DE COULANGES AU COMTE DE GRIGNAN.
A Brevannes[3], ce jeudi au soir, 11e novembre.
DE MADAME DE SÉVIGNÉ.
J’ARRIVAI hier au soir ici, ma chère belle : voilà le vrai
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