Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/281

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qu’elle a pour vous, sur votre procès[1], sur votre capacité, sur votre cœur, sur l’amitié que vous avez pour moi, sur le soin qu’elle croit devoir prendre de ma santé en votre absence, sur votre courage d’avoir quitté votre fils au milieu des périls où il alloit s’exposer, sur sa contusion, sur la bonne réputation naissante de cet enfant, sur les remerciements qu’elles ont faits à Dieu de l’avoir conservé! Elle m’a mêlée encore dans tout cela ; enfin, que vous dirai-je, ma chère enfant ? Je ne finirois point ; il n’y a que les habitants du ciel qui soient au-dessus de ces saintes personnes.

Je trouvai hier au soir Monsieur le chevalier revenu de Versailles en bonne santé ; j’en fus ravie. Quand il est ici, j’en profite par la douceur de sa société ; quand il est là, j’en suis ravie encore, parce qu’il y est parfaitement bon pour toute sa famille. II m’a dit que la contusion du marquis avoit fait une nouvelle de Versailles, et le plus agréablement du monde. Il a reçu les compliments de Mme de Maintenon, à qui Monseigneur mandoit la contusion : toute la cour a pris part à ce bonheur; j’en ai eu ici tous mes billets remplis ; et ce qui achève tout, c’est que Monsieur le Dauphin est en chemin[2], et le marquis aussi. Si après cela, ma fille, vous ne dormez, je ne sais pas, en vérité, ce qu’il vous faut. Il ne me dit[3] tout le soir que de bonnes nouvelles mais il m’est défendu de vous en rien écrire, sinon que je prends

  1. 31. Les mots «  sur votre procès, » ne sont pas dans le texte de 1737.
  2. 32. Après la reddition de Manheim le Dauphin se rendit le 5 novembre, devant Frankendal, qui capitula le 18. « Monseigneur dit la Gazette en date du 20 (p. 643), doit faire aujourd’hui la revue des troupes, et partir le 22 pour retourner à Versailles
  3. 33. « Je ne sais, en vérité, ce qu’il vous faut. Le chevalier ne me dit, etc. » (Édition de 1754.)