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très-aimable je finis par pure malice et pour vous donner l’exemple, car je ne suis nullement fatiguée.

1094- DE MADAME DE SẺVIGNẺ

A MADAME DE GRIGNAN.

A Paris, ce lundi 29è novembre.

J’ai été fâchée, ma chère fille, de cette colique sans colique : tous les maux de douleur me font de la peine. A ces sortes de coliques, il faut quelquefois se rafraîchir : les remèdes chauds mettent le sang en furie, et c’est cette furie[1] qui fait les douleurs. Mais, Seigneur, comme dans Corneille, vous ne m'écoutez pas [2] vous n’avez pas bonne opinion de ma capacité, vous croyez être fort habile ; je n’ai donc rien à vous dire, sinon de vous recommander votre santé en général, si vous aimez la mienne.

Vous êtes en peine de mes larmes sur Saint-Aubin ; ah ! mon enfant, ne croyez point[3] qu’elles m’aient fait aucun mal ; c’étoient des larmes de douceur et de consolation, qui ne m’ont point serré le cœur, ni renversé mon tempérament[4] soyez donc en repos là-dessus, soyez-y aussi pour votre fils. Vous avez fait comme disoit en riant Mme de la Fayette[5], vous avez trouvé à épiloguer sur cette contusion ; mais après ce que vous mandoit Monsieur le chevalier, après les lettres de du Plessis et de votre fils même, n’avez-vous pas dû penser, comme

  1. LETTRE 1094. 1. « Et c’est cela  »(Édition de 1754)
  2. 2. Rodogune, acte V, scène IV et dernière, vers 1766.
  3. 3. «  Hélas! ne croyez point.  » (Édition de 1754)
  4. 4 <« Le tempérament.»(Ibidem)
  5. 5. Voyez plus haut, p. 266.