Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/420

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recevoir l’honneur que Votre Majesté me fait. Le Roi les laissa, parce que Madame la Dauphine n’a pas de fauteuil devant lui. Cette reine se mit à la bonne place, dans un fauteuil, Madame la Daupbine à sa droite, Madame à sa gauche, trois autres fauteuils pour les trois petits princes[1]: on causa fort bien plus d’une demi-heure ; il y avoit beaucoup de duchesses, la cour fort grosse. Enfin elle s’en alla ; le Roi se fit avertir, et la remit dans son carrosse[2] Je ne sais jusqu’où la conduisit Madame la Dauphine[3]s. Le Roi remonta, et loua fort la reine ; il dit : « Voilà comme il faut que soit une reine, et de corps et d’esprit, tenant sa cour avec dignité. » TI admira son courage dans ses malheurs, et la passion qu’elle avoit pour le roi son mari ; car il est vrai qu’elle l’aime, comme vous a dit cette diablesse de Mme de R... Celles de nos dames qui vouloient faire les princesses, n’avoient point baisé la robe de la reine ; quelques duchesses en vouloient faire autant : le Roi l’a trouvé fort mauvais ; on lui baise les pieds présentement. Mme de Chaulnes a su tous ces détails, et n’a point encore rendu ce devoir. Elle a laissé le marquis à Versailles, parce que le petit compère s’y divertit fort bien ; il a mandé à son oncle qu’il

  1. 9. Les fils du Dauphin, le duc de Bourgogne, le duc de Berry, le duc d'Anjou
  2. 10. Cela ne paraît pas être exact. « Le Roi, dit Dangeau, l’alla recevoir par delà la salle de ses gardes, jusqu’au haut du degré. Puis il la mena jusqu’à la porte de l’appartement de la Dauphine. Enfin, « en sortant de chez Monsieur, au retour de chez Madame, la reine se mit en chaise jusqu’au bas du degré, où elle remonta en carrosse avec les deux dames qu’elle avait amenées. Le Roi ne l’ayant point reçue à sa descente du carrosse, ne l’y reconduisit sans doute pas non plus. Mais peut-être Mme de Sévigné est-elle plus vraie dans sa lettre, que Dangeau dans son espèce de journal officiel.
  3. 11. Elle la conduisit jusqu'à la salle des gardes : voyez le Journal de Dangeau