Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/465

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cette vie[1]. Par exemple, Avignon, dont je ne parle point par vos mêmes raisons, Avignon est bon, et vient fort à propos pour votre enfant : c’est une providence paternelle, dont il faut remercier Dieu ; et de l’autre côté, voilà le vent, le tourbillon, l’ouragan, les diables déchaînés, qui veulent emporter votre château ; voilà une dépense de mille écus, à quoi on ne s’attend pas. Pourquoi ce démon n’a-t-il pas emporté le bâtiment dégingandé du Carcassonne ? Où étoit le Coadjuteur? Ah! mon enfant, quelle furie ! quel ébranlement universel ! quelle frayeur répandue partout ! Vous dépeignez cette horreur comme Virgile mais il n’y avoit là personne pour dire Quos ego[2]. On a parlé ici de cette tempête. Un évêque de Languedoc dit à Coulanges qu’il craignoit pour le château de Grignan. Dieu vous préserve d’y passer jamais aucun hiver, tant qu’il y aura d’autres lieux et d’autres villes en France

Je veux dire encore un mot de ce mariage[3], qui est tous les jours plus ridicule. La mère quitte la partie, parce qu’elle s’est, dit-elle, épuisée. Je trouve fort plaisant ce que dit le duc de la Ferté [4] il a raison la sagesse et la morgue de M. de Mirepoix ne doivent point lui faire peur, puisqu’il est son gendre. Enfin le mariage de Mlle de Coislin et de M. d’Enrichemont paroit vouloir se finir.[5] Mlle d’Arpajon est fiancée aujourd’hui à Versailles avec

  1. 10. «... .mêlé de quelques peines, comme les autres choses de la vie. » (Édition de 1754)
  2. 11. Virgile, Enéide, livre I, vers 13S.
  3. l2. Voyez les lettres du 10, du 19 et du 3l janvier précédent, p. 403 et 404, 419 et 446. Tout cet alinéa manque dans l’impression de 1737.
  4. 13. L’édition de 1754 ne donne que les initiales « de la F., » et à la ligne suivante : « de M »;
  5. 14. Voyez ci-dessus p.365, note 14.