Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/483

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moi. Nous trouvâmes nos places gardées. Un officier dit à Mme de Coulanges que Mme de Maintenon lui faisoit garder un siège auprès d’elle : vous voyez quel honneur. « Pour vous, Madame, me dit-il, vous pouvez choisir. » Je me mis avec Mme de Bagnols au second banc derrière les duchesses. Le maréchal de Bellefonds vint se mettre, par choix, à mon côté droit, et devant c’étoient Mmes d’Auvergne[1], de Coislin, de Sully. Nous écoutâmes, le maréchal et moi, cette tragédie avec une attention qui fut remarquée, et de certaines louanges sourdes et bien placées, qui n’étoient peut-être pas sous les fontanges de toutes les dames[2] Je ne puis vous dire l’excès de l’agrément de cette pièce ; c’est une chose qui n’est pas aisée à représenter, et qui ne sera jamais imitée ; c’est un rapport de la musique, des vers, des chants, des personnes, si parfait et si complet, qu’on n’y souhaite rien; les filles qui font des rois et des personnages sont faites exprès : on est attentif, et on n’a point d’autre peine que celle de voir finir une si aimable pièce[3]; tout y est simple, tout y est innocent, tout y est sublime et touchant cette fidélité de l’histoire sainte donne du respect tous les chants convenables aux paroles, qui sont tirées des psaumes ou de la Sagesse[4] de Dangeau, samedi 19, à Versailles.) Cette représentation du 19 était la sixième, et ce fut la dernière de 1689, parce que ce jour-là même, à minuit, le Roi apprit la mort subite de la jeune reine d’Espagne, ce qui fit cesser tous les divertissements de la cour. Voyez le chapitre IV de l’ouvrage déjà cité de M. Th.. Lavallée.

  1. 5. Sans doute la femme du comte d’Auvergne. Voyez tome IV, p. 32 note 6.
  2. 6. Ce dernier membre de phrase: «qui n’étoient peut-être pas, etc.,» a été supprimé par Perrin dans sa seconde édition (1754). 7. a Une si aimable tragédie. » (Édition de 1754.)
  3. 7. Une si aimable tragédie
  4. 8. Les chants d’Esther sont surtout tirés des psaumes et des prophètes; mais Racine paraît s’être inspiré aussi des chapitres de la Sagesse sur le bonheur de l’impie et les devoirs des rois., et mis dans le sujet, sont d’une beauté