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Etonnements de Pauline contre les visites et les dames d'Aix.
Mandez-moi[1] quelles sont vos dames du palais ; car il y a toujours des favorites.
On dit que le roi d’Angleterre s’en va en Irlande : ce bruit est répandu ; je ne réponds de rien cette année, car on ne fait que mentir. On prend aujourd’hui le deuil de la reine d’Espagne. J’achèverai ce soir cette lettre, quand j’aurai reçu la vôtre.[2]
Voilà votre lettre du 18è ; ma chère enfant (mais ne le dites pas à M. de Grignan, car il se moqueroit de moi), j’ai été ravie de vous savoir arrivée à Aix : je me souviens qu’il y a un grand vilain précipice que l’on côtoie fort longtemps, et qui me faisoit mal à l’imagination. Vos lieues sont insupportables; il y a aussi loin de Marseille à Aix, que de Paris à Meaux[3] oui, je le soutiens ; je vous remercie donc de m’avoir dit que vous étiez arrivée. Vous auriez été[4] bien fatiguée d’aller souper chez l’archevêque, au lieu de vous coucher. Ma fille, vous ne mettez pas le pied à terre, votre tourbillon est violent [5]. Je comprends le plaisir que vous faites à ce cordon bleu [6] de vous donner au public de si bonne grâce : cette complaisance en mérite bien d’autres de sa part. Il craignoit ici que vous ne fussiez toujours cachée et chagrine, et je
- ↑ Cette phrase n’est pas dans le texte de 1737.
- ↑ 6. Après avoir reçu la vôtre (Edition de 1754).
- ↑ 7. II y a environ sept lieues nouvelles de Marseille à Aix, et onze de Paris à Meaux.
- ↑ 8. Dans la plus grande des deux éditions de 1754 « de m’avoir dit que vous êtes arrivée. Vous aurez été, etc. » La petite édition, qui du reste a le même texte, porte avez, au lieu de aurez
- ↑ 9. Cette phrase manque dans l’édition de 1754.
- ↑ 10. à M. de Grignan (Edition de 1754'')
Grignan. (Note de Perrin) 1737,-- Voyez la lettre de Marseille, tome III p. 183.