Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/510

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

5o/|

de vous voir partir; cependant je vous avoue que je souhaite de ne vous revoir jamais; mais si par malheur vous revenez, soyez persuadé que vous me retrouverez tel que vous me voyez. Rien n’est mieux dit, rien n’est plus juste [1] :jamais la générosité, la magnificence, la magnanimité, n’ont été exercées comme elles l’ont été par Sa Majesté.

Nous espérons que la guerre d’Irlande fera une puissante diversion, et empêchera le prince d’Orange de nous tourmenter par des descentes; ainsi tous nos trois cent mille hommes sur pied, toutes nos armées si bien placées partout, ne serviront qu’à faire craindre et redouter le Roi, sans que personne ose l’attaquer. Voici un temps de raisonnements et de politique j’aimerois bien à vous entendre parler sur tous ces grands événements.

Voilà le sentiment d’un bon tapissier sur les questions de Madame votre femme ; mais quoi qu’il vous dise d’une crépine d’or à deux taffetas, et qu’il y en ait ici, rien n’est si joli, si bien et si frais pour l’été, que de faire de ces beaux taffetas des meubles tout unis, et la tapisserie aussi. J’en ai vu à deux du trois personnes, il n’y a rien de mieux il faut tout retrousser comme il vous a dit, et tout plisser ; pour l’autre meuble, il faut du damas ou de la brocatelle.

Pour notre ami, [2]il vous rendra compte lui-même de ce qu’il fait, je ne le sais pas ; depuis qu’il est logé ici, je ne le vois plus, et quand on lui en demande la raison, il répond que je suis trop prés cette plaisanterie est une vérité. Si quelquefois le matin je ne me trouvois à son passage quand il va à l’un des trois ou quatre dîners où

  1. 2. Voyez la lettre précédente, p.499
  2. 3. Corbinelli.