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vos réflexions, de peur que vous ne soyez fâché aussi bien que nous de nous avoir quittés(2). L’exemple de la Jarie ne vous doit faire tirer aucune mauvaise conséquence : ce n’est pas la faute de la terre s’il s’est ruiné ; ce n’est que la sienne propre. S’il avoit eu de la sagesse, qu’il n’eût point voulu faire le gentilhomme et passer sa vie en débauches et en festins continuels, il s’en trouveroit bien et nous aussi. Pour vous, qui êtes un homme de sens et agissant, et qui mettez tout à profit, vous ne devez rien craindre(3), qui a presque en revenu certain ce que vous en payez, et dont les droits sont si beaux et l’étendue si considérable. S’il ne tient qu’à faire faire de temps en temps des voyages à la Montagne (4), et à en faire moi-même, pour vous faciliter les payements des vassaux, vous pouvez compter sur cela. Enfin, mon cher ami, vous pouvez [penser](5). aussi que si vous y perdiez, on vous en tiendroit compte ; car ma mère et moi serions bien fâchés de vous engager dans une mauvaise affaire ; mais celle qu’on vous propose est bonne, et de plus nous pouvons aisément ne vous être pas inutiles en bien des rencontres. Songez-y encore une fois, et s’il arrivoit des années malheureuses, je me fais bien fort que ma mère entreroit en raison pour prendre du temps et des commodités qui vous faciliteroient le payement de votre ferme. Je vous remercie de l’aide que vous avez donné(6). à la

2. L’autographe porte quitté, sans accord.

3. Il y a ici quelques mots de sautés, dont le sens doit être « avec une terre, ayant à bail une terre, qui, etc. »

4. Voyez la lettre du 30 juillet suivant, p. 75 et 76.

5. Le mot penser ou quelque autre mot du même sens a été omis dans l’autographe, ou du moins dans la copie, très-soigneusement collationnée, qu’on nous en a communiquée.

6. Il y a donné, au masculin, dans l’original. Le genre du mot aide n’était pas encore très-bien fixé au milieu du dix-septième siècle :