lement bonnes pour les maux contraires si l’expérience n’étoit pour ces eaux, je croirois cet endroit digne d’être dans la comédie des Médecins de Molière[1].
Vous me donnez une aimable idée de vos journées :quelle bonne compagnie ! Il est même agréable de n’être point tentée[2] de quitter vos belles terrasses ; c’est un bonheur pour les goutteux :ils ne se reprochent point de vous détourner de vos promenades ; ils voient qu’on ne sauroit être mieux qu’avec eux de toutes manières[3]. Comment vos jours dureroient-ils plus d’un moment, puisque dans notre Thébaïde, ils ne laissent pas de courir[4] ? Comment va le silence de notre Carcassonne ? Qu’a-t-il enfin produit ? Qu’a-t-il prononcé ? S’il a écouté la bise, il aura décidé :elle ne se sera pas expliquée en termes ambigus, et sa voix doit emporter toutes les autres[5]. Je ne connois point cette terrasse où vous êtes toujours ; elle est d’un grand usage, puisqu’elle est à couvert de la bise [6]. Toutes vos vues sont admirables ; je connois celle du mont Ventoux[7] j’aime fort tous ces amphithéâtres, et suis persuadée, comme vous, que si jamais le ciel a quelque curiosité pour nos spectacles, ses habitants ne
- ↑ 10. Voyez l'Amour médecin, et en particulier la scène VII du IIè acte, ou l’opérateur vante la puissance de son orviétan, qui guérit tous les maux « par sa rare excellence. »
- ↑ 11. « On a même le plaisir de n’être point tentée, etc. » (Édition de 1754.)
- ↑ 12. « De toute manière. » (Ibidem.)
- ↑ ?. Ce qui suit, jusqu’à « Je ne connois point. » n’est pas dans l’édition de 1737.
- ↑ 14. Voyez la lettre du 6 juillet précédent, p. 107 et 108.
- ↑ 15. Cette terrasse est abritée par les soubassements du château de Grignan ; elle donne sur le portail de l’église. Mme de Sévigné y a cultivé des fleurs pendant les dernières années de sa vie. (Note de l'édition de 1818.)
- ↑ 16. Montagne du département de Vaucluse, au nord-est de Carpentras ; elle a un peu plus de deux mille mètres de hauteur.