Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/13

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orage[1].Dieu conduira tout. Adieu[2] ma chère belle conservez-vous ; faites écrire Pauline, pendant que vous vous reposerez dans votre cabinet.

1160. DE MADAME DE SÉVIGNÉ

A MADAME DE GRIGNAN.

A Paris, ce mercredi 6è avril.

JE vous avertis, ma chère enfant, de la part de Mme de la Fayette, et de toute la nombreuse troupe des vaporeux, que les vapeurs d’épuisement sont les plus dangereuses et les plus difficiles à guérir. Après cela, épuisez-vous, jouez-vous à n’oser plus baisser la tête sans douleur, et forcez-vous, malgré elle, à écrire et à lire, et vous trouverez que vous ne serez plus bonne à rien, car on devient une femme de verre. J’attribue ce mal à l’excès de vos écritures; retranchez-les donc, si vous nous aimez; et quand vous aurez envie de causer, mettez-vous sur votre lit de repos et faites écrire Pauline[3]; elle apprendra à penser et à tourner ses pensées vous vous conserverez, et nous causerons ainsi avec vous,

  1. 29. Dans l’édition de 1737, par faute d’impression sans doute « qui s’épaississoient sans orage. » La lettre finit au mot orage dans notre manuscrit
  2. 30. Au lieu de cette dernière phrase, l’édition de 1737 a seulement ces mots « Adieu, ma chère fille; je suis tout entière à vous. »
  3. LETTRE 1160. 1. « Jouez-vous à ne plus oser baisser la tête sans douleur, forcez-vous à écrire et à lire, et vous trouverez bientôt que vous ne serez plus bonne à rien, vous deviendrez une femme de verre. Comme ce mal ne vient que de l’excès de vos écritures, je vous conjure de les retrancher, si vous nous aimez; mettez-vous sur votre lit de repos, quand vous aurez envie de causer, et faites écrire Pauline, » (Édition de 1754.)