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à Rennes. J’ai entrepris dans le carrosse de ne faire voir à Mme de Chaulnes que la Beauté et la distinction de ce choix j’ai arrêté ou voulu arrêter toutes les autres vues ; il me semble que j’y ai réussi. Nous avons fait conter à M. de Chaulnes tous ses voyages de Rome ; nous lui avons trouvé un si bon esprit, et tellement propre aux négociations de ce pays-là, où il est encore adoré, que nous avons approuvé l’ordre de Sa Majesté. Il m’a dit que si c’étoit pour faire la paix avec le pape, il auroit refusé, sachant combien il vous auroit offensée12 mais qu’il vous supplieroit de considérer qu’il ne travailleroit contre vous que quand la mort auroit travaillé sur le pape ;qu’ainsi ce seroit elle13, et non pas lui, qui feroit tout le mal ; qu’il vous verroit ; qu’il étoit ravi de penser qu’après toutes les folies qu’il vous avoit mandées sur le voyage de Rome14, il étoit devenu vrai16 :ce chapitre fut long et gai. Mme de Cbaulnes s’en va deux jours après lui ; je crois qu’il part demain. Cette duchesse veut m’emmener ; elle dit que vous le voulez, elle est véritablement fâchée de me quitter : nous faisons des réflexions sur les dérangements que fait la Providence. Nous devions passer l’hiver en ce pays :je retournois un mois aux Rochers, je promettois d’aller au commencement d’octobre à Saint-Malo, puis aux états, puis un peu aux Rochers, puis à Rennes depuis le carême jusqu’après Pâques ; et de tout cela il arrive que dans quatre jours M. et Mme de Chaulnes ne seront plus dans cette province ; que je m’en vais aux Rochers avec votre frère et sa femme, et que j’y passerai l’hiver plus agréablement qu’en nul autre endroit, n’ayant

la. « Combien il vous auroit desservie, s (Édition de 1754.) 13. <r Ce seroit la mort. » (Ibidem.)

14. Voyez la lettre du u aoftt précédent, p. 144, et celledu 20 juillet, p. rag.

15. Cela fût devenu vrai. » (Édition de 1754.)