Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/273

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée



dort,32. Allusion au dernier vers du IIè chant du Lutrin : Soupire, étend les bras et s'endort, et qu’il n’y a tête d’homme qui ose lui en parler. Ah !je vous assure, moi, qu’avec une simple tête de femme je lui en parlerois fort bien. « Eh quoi ? mon pauvre seigneur, vous moquez-vous des gens ? Est-ce pour rire que vous commencez un bâtiment sans savoir pourquoi, dont vous empruntâtes l’argent (car je le sais), et que vous ne daignez pas l’achever ? Cela est inouï ; n’en êtes-vous point t honteux ? Voyez votre frère, il a fait comme tous les autres hommes du monde ; quel plaisir trouvez-vous d’être seul de votre avis, et d’avoir la juste improbation de toute votre famille ? »

1228. DE MADAME DE SÉVIGNÉ

A MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, dimanche 23° octobre.

JE suis toujours seule, ma chère enfant, et je ne m’ennuie point[1]1 ;j’ai de la santé, des livres à choisir, de l’ouvrage et du beau temps on va bien loin avec un peu de raison mêlée dans tout cela. Je vois au travers de tout ce que mon fils et sa femme me mandent[2]2, qu’ils sont ravis d’être à Rennes ; et moi, dès ce moment, il me prend une véritable envie qu’ils y soient. Je leur défends de venir, je trouve même qu’ils ont raison ; il y a très-bonne compagnie à Rennes, tout y brille de joie ; ils ne

    bouche extrêmement grande et toujours ouverte, il se plaignant un jour au prince de Porcie son favori, jouaant aux quilles avec lui (la pluie étant survenue), de ce qu'il lui pleuvait dedans. Le prince de Porcie (bel effort de génie) après y avoir révé quelque temps, lui coseilla de la fermer : ce que fit le roi de Hongrie, et s'en trouva fort soulagé. » (Mémoires du maréchal de Gramont, tome LVII, p.20 et 21)

  1. LETTRE 1228. 1. « Et sans aucun ennui. » (Édition de 1754.)
  2. 2. « Me mandent sur l’envie d’être avec moi. » (Ibidem.)