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monde. Cela supposé, je vous conjure, ma chère Pauline, de ne pas tant laisser tourner votre esprit du côté des choses frivoles, que vous n’en conserviez pour les solides, et pour les histoires[1] ; autrement votre goût auroit les pâles couleurs. Nous lisons l'Histoire de l'Église de M. Godeau[2]; vraiment, c’est une très-belle chose ; quel respect cela donne pour la religion ! avec l’Abbadie[3] on seroit toute prête à souffrir le martyre. Chaque chose a son temps : Corisque[4] est bien friponne et bien jolie, altri tempi altre cure[5] Aimez-moi toujours, ma chère belle ; mais ne mesurez jamais les autres amitiés à la vôtre ; vous avez un cœur du premier ordre, dont personne ne peut approcher.

    de cet aimable livre pour vous donner son amour ; j’en retire au moins la grâce d’être persuadée qu’il n’y a que cela, etc. » (Édition de 1754.)

  1. 31. « Pour les solides, dans lesquelles je comprends les histoires » (Ibidem.)
  2. 32. Antoine Godeau, évêque de Grasse et de Vence. Voyez tome II p. 522, note 6. Les deux premiers volumes de son Histoire de l’Église parurent en 1653 les deux suivants en 1663, et le cinquième et dernier en 1678. -- Dans l’édition de 1737 « de M. Godeau, évêque de Grace. »
  3. 33. « Avec Abbadie. » (Édition de 1754.) Voyez tome VIII, p. 33 et note 12.
  4. 34. Corisca, amante de Mirtillo, est un des principaux personnages du Pastor fido de Guarini, que Pauline lisait alors. Voyez la lettre du 4 décembre suivant, p. 339. -- Dans l’édition de 1754 : « «  Corisque est bien jolie et bien friponne.
  5. 35. « Autres temps, autres soins.  » Ce vers, que nous avons déjà vu cité plus haut (tome III, p. 286), est pris ici exactement dans le même sens où le vieux Linco le dit au jeune Silvio dans le Pastor fido (acte I, scène 1). La traduction en vers de l’abbé Torche, publiée en 1667, le rend ainsi avec le suivant: Un âge différent demande d’autres soins; Si j’étois Silvio, je n’en ferois pas moins.