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1242. DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET DE CHARLES DE SÉVIGNÉ MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, dimanche 11è décembre.

DE MADAME DE SÉVIGNÉ.

JE commence par m’écrier, ma chère enfant, sur le denier six : je n’en avois pas entendu parler depuis l’emprunt que fait le fils de l’Avare dans la comédie de Molière. Je crois que vous avez voulu dire six et quart, qui est un denier dont j’ai entendu parler en Provence, qui va, ce me semble, au denier seize; mais le denier six est si usuraire, que je ne crois pas qu’un notaire en voulut faire un contrat ; c’est pour dix mille francs, seize cent soixante et six livres treize sols ; cela n’est point dans l’usage ordinaire des emprunts : enfin ma fille, j’ai besoin d’un éclaircissement sur ce point, car je ne puis vous croire au premier mot. Je conviens avec vous de toutes les raisons qui vous pressent, plus que tous les sergents du monde, de payer Monsieur le chevalier, non-seulement d’une partie, mais des deux mille pistoles : rien n’est plus juste ; sur ce point je suis toute conforme à vos sentiments.

J’ai trouvé plaisant, comme vous, tout ce que nous

LETTRE 1242. -- 1 Voyez l'Avare, acte II, scène 1. Nous verrons dans la lettre du 1er janvier 1670 (p. 380), que Mme de Grignan n’a pas voulu parler d’un emprunt au denier six, c’est-à-dire à la sixième partie du principal, ce qui ferait un intérêt de seize à dix-sept pour cent ; il paraît que dans sa lettre les mots le denier six marquaient le chiffre de l’intérêt même (six pour cent).

2. « Six et quart pour cent, qui est un denier dont j’ai entendu parler en Provence : cela revient ce me semble, etc. » (Édition de 1754.)

3. « Là-dessus. » (Ibidem )

4. C’est-à-dire du prix du régiment. (Note de Perrin.) Voyez la lettre du 27 novembre précédent, p. 331 et note 34.

5. « Je suis toute conforme à vos sentiments sur ce point. » (Édition de 1754.)